LE BLOG

Le blog d’Anne Marion de CAYEUX

La fessée : pour ou contre ?

La fessée : pour ou contre ?

Publié le : 15/10/2013 15 octobre oct. 10 2013

CONTRE.

Je suis satisfaite de lire qu’un père a été condamné à 500 € d’amende pour avoir donné une fessée déculottée à son fils de 9 ans. « Violence », « humiliation », ces mots ont été employés par les magistrats pour répondre aux propos du père, se plaignant de la « mode » actuelle anti-fessées.

La fessée, pour ou contre, la réponse est loin d’être claire et la mode « anti » peu suivie.

Avez-vous vu passer dans votre tête, quand vos petits vous poussent à bout, l’image d’une fessée qui pourrait partir, en défoulement d’une situation de stress et revanche d’un sentiment d’impuissance ? Moi, oui. Avez-vous donné cette fessée ? Moi, une fois, sur une couche. Ma fille ne l’a même pas sentie tellement je suis peu douée pour ce geste. Je me suis demandé si j’étais nulle d’avoir donné une fessée, ou nulle qu’elle soit passée inaperçue ?

En mon for intérieur, j’étais claire : la fessée, ça ne sert à rien. Si on commence, comme c’est inefficace, on est obligés de surenchérir. C’est dangereux, et ça ne marche pas.

J’ai quand même interrogé le pédiatre de mes filles, une psychanalyste pour enfants amie de mes parents, un  psychiatre expert devant les tribunaux spécialisé en thérapie familiale, des amis parents de jeunes enfants, pour savoir ce qu’ils en pensaient…

Je n’ai trouvé personne pour condamner la fessée.

Ca recadre paraît-il. Ladite psychanalyste m’a dit : « La gifle, à proscrire, c’est dangereux d’un point de vue neurologique (ça secoue le cerveau). Mais une fessée, ou encore mieux, une tape sur la main… Ça marche ! ».

Forte de ce conseil, j’ai testé la semaine suivante, à bout de nerf alors que ma fille était insolente (du haut de ses 3 ans) et bruyante au restaurant depuis 20 mn, malgré mes injonctions de faire moins de bruit et de m’obéir… Imaginez la scène, en table d’hôtes à la ferme de Gally, une autre famille partageant notre table avec leurs petits, ma fille qui me provoque, augmente son volume sonore et ses gesticulations en me regardant droit dans les yeux. C’est parti comme ça, « paf » ! une vraie bonne tape claquante sur le dos de sa main.

Ça a marché. Elle s’est tu d’un coup. Tout le monde s’est immobilisé. Humiliation, c’est clair. Pour moi au premier chef.

La violence, ça marche. Ça fait taire. Pas de quoi se vanter.

Ma confession publique étant faite, quelques précisions.

Dans notre affaire, les parents du petit garçon vivent une séparation très difficile. Le père a expliqué que son fils ne lui disait plus bonjour et qu’il a voulu le punir.  Difficile en effet, en situation de séparation, d’éduquer les enfants à tour de rôle et non plus ensemble. Quand chaque parent est seul face ou  avec l’enfant, l’autre ne vient plus le secourir lorsque l’enfant est réfractaire à son autorité. Lever la main peut arriver, surtout lorsque, comme en France, il existe une tolérance toute latine vis-à-vis des corrections corporelles.

Edwige Antier a tenté en 2009 et 2010 de faire voter une loi interdisant, comme dans 23 des 27 pays européens, tous châtiments corporels. Sans succès. Le gouvernement estime encore actuellement (selon le Parisien) que notre code pénal est suffisant puisqu’il bannit toute violence sur mineurs.

Selon la jurisprudence, la correction sur les mineurs peut être admise, à condition d’être mesurée. On peut lire dans le jurisclasseur quelques résumés édifiants :

« Ne sont pas justifiées de fortes gifles ou le fait de plonger la tête d’un enfant de six ans dans une cuvette de WC et de tirer la chasse d’eau : même en l’absence d’une incapacité de travail, les limites du droit de correction sont dépassées et l’impunité ne saurait être assurée (Cass. crim., 21 févr. 1990 : Dr. pén. 1990, comm. 216 ; Rev. sc. crim. 1990, p. 785, obs. G. Levasseur). »

Ouf !!

« De même ne rentrent pas dans les prévisions de l’article 122-4 des coups de balais très appuyés sur le dos d’un enfant par une assistance maternelle professionnelle (CA Bourges, 1er avr. 1999, préc. supra n° 63), ni de fortes gifles données par un instituteur, actes qualifiés par ses collègues de « grosse correction » (CA Pau, 24 avr. 1996), ni le fait de tirer et de pincer très fortement les oreilles d’un élève (Cass. crim., 31 janv. 1995 : Bull. crim. 1995, n° 38 ; Rev. sc. crim. 1995, p. 814, obs. Y. Mayaud). »

Sur la fessée aux enfants, je n’ai pas vu de décisions (quand elle est déjà réprimée lorsqu’elle est administrée à la femme, non consentante j’entends…).

Il était temps que les juges viennent mettre un terme à cet « us et coutume » d’un autre âge, en interdisant absolument aux adultes ce genre de punitions. C’est un pas de plus pour reconnaître que l’enfant est un sujet, au même titre que ses parents. Qui ont pour devoir que de veiller à son éducation, sa santé, et sa sécurité.
 

Historique

<< < ... 43 44 45 46 47 48 49 > >>
Information sur les cookies
Nous avons recours à des cookies techniques pour assurer le bon fonctionnement du site, nous utilisons également des cookies soumis à votre consentement pour collecter des statistiques de visite.
Cliquez ci-dessous sur « ACCEPTER » pour accepter le dépôt de l'ensemble des cookies ou sur « CONFIGURER » pour choisir quels cookies nécessitant votre consentement seront déposés (cookies statistiques), avant de continuer votre visite du site. Plus d'informations
 
ACCEPTER CONFIGURER REFUSER
Gestion des cookies

Les cookies sont des fichiers textes stockés par votre navigateur et utilisés à des fins statistiques ou pour le fonctionnement de certains modules d'identification par exemple.
Ces fichiers ne sont pas dangereux pour votre périphérique et ne sont pas utilisés pour collecter des données personnelles.
Le présent site utilise des cookies d'identification, d'authentification ou de load-balancing ne nécessitant pas de consentement préalable, et des cookies d'analyse de mesure d'audience nécessitant votre consentement en application des textes régissant la protection des données personnelles.
Vous pouvez configurer la mise en place de ces cookies en utilisant les paramètres ci-dessous.
Nous vous informons qu'en cas de blocage de ces cookies certaines fonctionnalités du site peuvent devenir indisponibles.
Google Analytics est un outil de mesure d'audience.
Les cookies déposés par ce service sont utilisés pour recueillir des statistiques de visites anonymes à fin de mesurer, par exemple, le nombre de visistes et de pages vues.
Ces données permettent notamment de suivre la popularité du site, de détecter d'éventuels problèmes de navigation, d'améliorer son ergonomie et donc l'expérience des utilisateurs.